Deux familles, trois branches, une seule stratégie
Sonepar c’est en amont l’alliance entre les membres des deux familles industrielles du Nord : les Coisne et les Lambert, associées depuis 1867 pour, initialement, faire des affaires dans le textile puis, après reconversion, dans la distribution de matériel électrique. La famille Coisne est elle-même composée de deux branches distinctes.
Sonepar débute ses activités en 1969 et saura croître pour devenir le leader mondial de la distribution B2B de produits électriques, de solutions et de services associés.
En plus d’avoir su percevoir l’avènement d’un marché mondial pour les produits électriques, les dirigeants ont très tôt réfléchi à la bonne façon de protéger l’entreprise des appétits extérieurs. Cette réflexion a donné naissance à Colam Entreprendre, la holding qui assure le développement de l’entreprise et l’animation de l’actionnariat familial.
Comme le rappelle Marie-Christine Coisne Roquette, Présidente de SONEPAR et de Colam Entreprendre, la holding «Sonepar a été fondé par mon père en 1969 avec dix autres membres des familles Coisne et Lambert. A ma génération, nous sommes 56 actionnaires, et à la génération suivante, ils sont 200.»
Plus tard, le groupe malgré une grande pression de la place financière s’est opposé à l’idée d’une introduction en Bourse, utile « pour apporter des capitaux si on ne gagne pas assez d’argent, ou de la liquidité à des actionnaires« . Ce qui n’est pas le cas du groupe familial !
L’ingénierie juridique au service de la famille et de son entreprise
A la lecture des statuts de la holding de tête (Colam entreprendre), il apparaît clairement que famille a très bien compris l’utilité du droit pour se protéger et se valoriser, en tant que famille mais aussi en tant qu’activité lucrative à vocation internationale et d’excellence.
En tête des statuts, figure le rappel de la Charte familiale, adopté en septembre 2020 avec ses grands principes éthiques, et la raison d’être du groupe, dont la phrase suivante qui fait figure de maxime : « Veillons jalousement sur cet esprit de famille si singulier où l’argent n’est pas le maître et où l’intérêt collectif prime sur l’intérêt individuel ».
Outre les valeurs et les aspirations profondes de la famille (« faire grandir un modèle d’entreprise performant, responsable et humain… maintien du leadership d’excellence … être une référence actionnariale … »), l’introduction des statuts de Colam Entreprendre offre une véritable grille de lecture des statuts, élaborés pour déterminer les droits et devoirs de chacun, dans le cadre d’une société ne pouvant être détenues que par la famille. Seule exception au caractère familial des titres, les statuts prévoient la possibilité pour un « conjoint » (ce terme étant défini très précisément), d’être usufruitier en cas de décès du titulaire des titres, ou actif dans la gouvernance selon une procédure bien déterminée.
Ces statuts sont en soi une référence de l’actionnariat familial et j’invite les conseils des familles d’entrepreneurs à les lire. Il dénote une éthique organisationnelle très poussée, jugée la plus à même par la famille pour prévenir toute divergence et maintenir le groupe soudé. Un régal, pour l’avocat d’affaires que je suis.