☑ Il a encore pris de cours tout ceux qui pensaient qu’il avait mis en pause sa frénésie d’acquisition et de coups financiers. Le milliardaire breton vient de s’inviter au capital du spécialiste français de la distribution de produits pétroliers RUBIS Energy à hauteur de 5 %, après avoir déboursé quelque 130 millions d’euros.
☑ Ce groupe indépendant, inconnu du grand public s’est développé autour de la distribution de carburants, gaz liquéfiés et bitumes et a réalisé 6,6 milliards d’euros de chiffre d’affaires en 2023 et emploie 4 700 salariés.
☑ Une opération qui surprend à nouveau, même chez les fins connaisseurs du groupe mais cet investissement surprise « témoignerait de la confiance » de Bolloré dans le potentiel de Rubis, selon l’expression consacrée, en d’autres termes il s’agirait d’un des « coups » purement financiers de Vincent Bolloré. Mais le groupe Bolloré Energy, n°1 de la distribution du fioul domestique, pourrait avoir un intérêt stratégique à contrôler Rubis.
☑ Rappelons que l’homme d’affaires est maître des prises de contrôle par le biais d’une prise de participation minoritaire « anodine », laquelle se solde, au pire, par une excellente plus-value quand la cible se dote d’un chevalier blanc.
👉Du point de vue juridique, on retrouve avec Rubis le même écueil que pour Lagardère, une société en commandite par actions dont les gérants, commandités, ne partagent pas le pouvoir de gestion.
☑ Mais les deux dirigeants Gilles Gobin, 74 ans et Jacques Riou, 72 ans, se rapprochent de la limite d’âge, et leur souhait de mettre en place leurs trois héritiers pourrait ne pas aboutir, avec 2,3% du capital social, ce qui est un peu « court » pour une dynastie.
☑ Trois associés ont dépassé les 5% en trois semaines, outre Bolloré, le groupe de concert de Patrick Molis, et l’entrepreneur canadien Ronald Sämann , qui a critiqué la gouvernance et la stratégie.
👉La Commandite sera-t-elle à l’épreuve de leur critique ? La révocation des commandités au poste de dirigeant, et la nomination de nouveaux dirigeants commandités sont du ressort des commandités. Mais tout associé peut demander la révocation du gérant commandité pour cause légitime par voie de justice, nonobstant les statuts qui imposent en ce cas la détention de 10% du capital, ce qui est illégal.
👉Preuve que les commandités se sentent fragiles, leur rémunération statutaire ne présente pas d’objectif autre que le cours de bourse, notamment aucun critère sociétal ou environnemental n’est adopté, et les statuts prévoient que la partie fixe est indexée, ce qui écarte la nécessité de toute discussion interne. Un dividende de 3% de la performance boursière globale sur 3 ans leur est également acquis, mais sans que cela ne soit conditionné à l’existence d’un bénéfice distribuable, ce qui pourrait donner lieu à contestation.
La suite, lors de l’assemblée générale de Rubis en juin, qui pourrait être animée !!!